Léda - L'étude des animaux

Mythes - Poésies - Légendes - Histoires naturelles

Hyène

-384 - -322 - Aristote / Saint Hilaire - Histoire des Animaux Livre 6 et 8

L'hyène a une couleur qui se rapproche de celle du loup; mais elle est plus velue, et elle a une crinière tout le long du rachis. Ce qu'on dit de ses parties génitales qui seraient à la fois celles du mâle et de la femelle, est parfaitement faux. La verge du mâle ressemble à celle des loups et des chiens; et ce qu'on prend pour une vulve de femelle est placé au-dessous de la queue, assez semblable à une vulve de femelle par sa forme, mais sans la moindre ouverture. Au-dessous de ce prétendu organe, se trouve l'issue pour les excréments. L'hyène femelle a également cette marque qui rappelle la vulve d'une femelle; elle l'a bien aussi sous la queue, mais il n'y a non plus aucune ouverture. Après cette marque, vient l'ouverture pour les excrétions; et au-dessous de cette ouverture, la véritable vulve. L'hyène femelle a également une matrice, comme toutes les femelles des espèces organisées de cette façon. On prend d'ailleurs très rarement des hyènes femelles; sur onze hyènes prises par un chasseur, il ne se trouvait qu'une seule femelle.

Le carnivore que l'on appelle, tantôt le Glanos, tantôt l'hyène, est à peu près de la grosseur du loup. Il a une crinière dans le genre du cheval ; mais les poils qu'il a sur toute la longueur du dos sont plus rudes et plus fournis que ceux du cheval. L'hyène suit les hommes pour les surprendre et leur fait la chasse; elle poursuit les chiens; et elle vomit à peu près comme les hommes. Elle déterre les cadavres, tant elle aime à manger cette chair putréfiée.

23 - 79 - Pline l'Ancien / E. Littré - Histoire naturelle Livre VIII 44-45 - l'hyène

Hyène Buffon jpg
Hyène - Buffon - Hist. nat. - Source

Le vulgaire croit que les hyènes sont hermaphrodites, qu'elles deviennent alternativement, d'année en année, mâles et femelles; qu'elles engendrent sans mâle: Aristote nie tout cela. La crinière s'étend tout le long du dos, et le cou ne fait qu'un avec l'épine; aussi l'hyène ne peut infléchir son corps qu'en se tournant tout entière.

On en raconte en outre des choses merveilleuses: la plus étrange, c'est qu'au milieu des bergeries elle imite le langage humain, retenant le nom d'un individu, qu'elle fait sortir ainsi et déchire. On prétend encore qu'elle imite le vomissement de l'homme, pour attirer les chiens et les dévorer; que, seule entre tous les animaux, elle fouille les sépulcres et y va chercher les cadavres: que la femelle est rarement prise; que les yeux présentent mille variétés et mille changements de coloration; que les chiens atteints par son ombre perdent la voix; qu'au moyen de certains procédés magiques elle rend immobile tout animal autour duquel elle a tourné trois fois.

En s'accouplant avec des hyènes la lionne d'Éthiopie produit la crocute, qui imite pareillement la voix des hommes et des bestiaux. Elle ne cligne jamais les yeux; les deux mâchoires, dépourvues de gencives, sont garnies chacune d'une denture continue; ces deux dentures s'emboîtent, afin que la rencontre ne les émousse pas. Juba rapporte que la mantichore (VII, 30) aussi imite, en Éthiopie, la parole humaine.


1707 - 1788 - Comte de Buffon - Histoire naturelle Tome 9 - l'hyène [extraits]

Aristote nous a laissé deux notices au sujet de l'hyène, qui seules suffiraient pour faire reconnaître cet animal et pour le distinguer de tous les autres; néanmoins les Voyageurs et les Naturalistes l’ont confondu avec quatre autres animaux, dont les espèces sont toutes quatre différentes entre elles et différentes de celle de l'hyène. Ces animaux sont le chacal, le glouton, la civette et le babouin, qui tous quatre sont carnassiers et féroces comme l'hyène, et qui ont chacun quelques petites convénances et quelques rapports particuliers avec elle, lesquels ont donné lieu à la méprise et à l’erreur.

Le chacal se trouve à peu près dans le même pays, il approche comme l'hyène de la forme du loup; comme elle, il vit de cadavres et fouille les sépultures pour en tirer les corps: c’en est assez pour qu’on les ait pris l’un pour l’autre. Le glouton a la même voracité, la même faim pour la chair corrompue, le même instinct pour déterrer les morts, et quoiqu’il soit d’un climat fort différent de celui de l'hyène et d’une figure aussi très différente, cette seule convenance de naturel a suffi pour que les Auteurs les aient confondus. La civette se trouve aussi dans le même pays que l'hyène, elle a comme elle de longs poils le long du dos et une ouverture ou fente particulière; caractères singuliers qui n’appartiennent qu’à quelques animaux, et qui ont fait croire à Bellon que la civette était l'hyène des Anciens. Et à l’égard du babouin, qui ressemble encore moins à l'hyène que les trois autres, puisqu’il a des mains et des pieds comme l’homme ou le singe: il n’a été pris pour elle qu’à cause de la ressemblance du nom: l'hyène s’appelle dubbah en Barbarie, selon le docteur Shaw; et le babouin se nomme dabuh, selon Marmol et Léon l’Africain; et comme le babouin est du même climat, qu’il gratte aussi la terre et qu’il est à peu-près de la forme de l'hyène, ces convenances ont trompé les Voyageurs et ensuite les Naturalistes qui ont copié les Voyageurs; ceux même qui ont distingué nettement ces deux animaux, n’ont pas laissé de conserver à l'hyène le nom dabuh, qui est celui du babouin. [...]

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Hyène rayée - Cuvier - Hist. nat. - Source

[...] Cet animal sauvage et solitaire demeure dans les cavernes des montagnes, dans les fentes des rochers ou dans des tanières qu’il se creuse lui-même sous terre: il est d’un naturel féroce, et quoique pris tout petit, il ne s’apprivoise pas; il vit de proie comme le loup, mais il est plus fort et paraît plus hardi; il attaque quelquefois les hommes, il se jette sur le bétail, suit de près les troupeaux et souvent rompt dans la nuit les portes des étables et les clôtures des bergeries: ses yeux brillent dans l’obscurité, et l’on prétend qu’il voit mieux la nuit que le jour.

Si l’on en croit tous les Naturalistes, son cri ressemble aux sanglots d’un homme qui vomirait avec effort, ou plutôt au mugissement du veau, comme le dit Kæmpfer, témoin auriculaire. l'hyène se défend du lion, ne craint pas la panthère, attaque l’once, laquelle ne peut lui résister; lorsque la proie lui manque, elle creuse la terre avec les pieds et en tire par lambeaux les cadavres des animaux et des hommes que dans le pays qu’elle habite, on enterre également dans les champs. On la trouve dans presque tous les climats chauds de l’Afrique et de l’Asie, et il paraît que l’animal appelé farasse à Madagascar, qui ressemble au loup par la figure, mais qui est plus grand, plus fort et plus cruel, pourroit bien être l'hyène.

Il y a peu d’animaux sur lesquels on ait fait autant d’histoires absurdes que sur celui-ci. Les Anciens ont écrit gravement que l'hyène était mâle et femelle alternativement; que quand elle portait, allaitait et élevait ses petits, elle demeurait femelle pendant toute l’année; mais que l’année suivante, elle reprenait les fonctions du mâle, et faisait subir à son compagnon le sort de la femelle. On voit bien que ce conte n’a d’autre fondement que l’ouverture en forme de fente que le mâle a, comme la femelle, indépendamment des parties propres de la génération qui, pour les deux sexes, sont dans l'hyène semblables à celles de tous les autres animaux. On a dit qu’elle savait imiter la voix humaine, retenir le nom des bergers, les appeler, les charmer, les arrêter, les rendre immobiles; faire en même temps courir les bergères, leur faire oublier leur troupeau, les rendre folles d’amour, etc. Tout cela peut arriver sans hyène; et je finis pour qu’on ne me fasse pas le reproche que je vais faire à Pline, qui paraît avoir pris plaisir à compiler et raconter ces fables. [...]