Léda - L'étude des animaux

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Eléphant - Rhinocéros

Malgré des efforts, cette page ne parvient pas à répondre à la question: qui est le plus fort, l'éléphant ou le rhinocéros?

23 - 79 - Pline l'Ancien / E. Littré - Histoire naturelle Livre VIII 1 - L'éléphant

Passons aux autres animaux, et parlons d'abord des animaux terrestres. L'éléphant est le plus grand, et celui dont l'intelligence se rapproche le plus de celle de l'homme; car il comprend le langage du lieu où il habite; il obéit aux commandements; il se souvient de ce qu'on lui a enseigné à faire; il éprouve la passion de l'amour et de la gloire; il possède, à un degré rare même chez l'homme, l'honnêteté, la prudence, la justice; il a aussi un sentiment religieux pour les astres, et il honore le soleil et la lune.

Des auteurs rapportent que, dans les forêts de la Mauritanie, des troupeaux d'éléphants descendent sur le bord d'un fleuve nommé Amilas, aux rayons de la nouvelle lune: que là, se purifiant, ils s'aspergent solennellement avec l'eau; et qu'après avoir ainsi salué l'astre ils rentrent dans les bois, portant avec leur trompe les petits fatigués. Ils comprennent même la religion des autres; et l'on croit que, près de traverser la mer, ils ne s'embarquent qu'après que leur cornac leur a promis par serment le retour.

On en a vu qui, accablés par la maladie (les maladies n'épargnent pas même ces masses énormes), jetaient, couchés sur le dos, des herbes vers le ciel, comme s'ils appelaient la terre en témoignage dans leurs prières. Quant à la docilité, ils adorent le roi, fléchissent le genou, présentent des couronnes. Les Indiens emploient au labourage (VI, 22) des éléphants plus petits, qu'on appelle bâtards.


1818 - 1894 - Charles-Marie Leconte de Lisle
Les Eléphants

Le sable rouge est comme une mer sans limite,
Et qui flambe, muette, affaissée en son lit.
Une ondulation immobile remplit
L'horizon aux vapeurs de cuivre où l'homme habite.

Nulle vie et nul bruit. Tous les lions repus
Dorment au fond de l'antre éloigné de cent lieues,
Et la girafe boit dans les fontaines bleues,
Là-bas, sous les dattiers des panthères connus.

Pas un oiseau ne passe en fouettant de son aile
L'air épais, où circule un immense soleil.
Parfois quelque boa, chauffé dans son sommeil,
Fait onduler son dos dont l'écaille étincelle.

Tel l'espace enflammé brûle sous les cieux clairs.
Mais, tandis que tout dort aux mornes solitudes,
Les éléphants rugueux, voyageurs lents et rudes
Vont au pays natal à travers les déserts.

D'un point de l'horizon, comme des masses brunes,
Ils viennent, soulevant la poussière, et l'on voit,
Pour ne point dévier du chemin le plus droit,
Sous leur pied large et sûr crouler au loin les dunes.

Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps
Est gercé comme un tronc que le temps ronge et mine
Sa tête est comme un roc, et l'arc de son échine
Se voûte puissamment à ses moindres efforts.

Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
Il guide au but certain ses compagnons poudreux ;
Et, creusant par derrière un sillon sablonneux,
Les pèlerins massifs suivent leur patriarche.

L'oreille en éventail, la trompe entre les dents,
Ils cheminent, l'oeil clos. Leur ventre bat et fume,
Et leur sueur dans l'air embrasé monte en brume ;
Et bourdonnent autour mille insectes ardents.

Mais qu'importent la soif et la mouche vorace,
Et le soleil cuisant leur dos noir et plissé ?
Ils rêvent en marchant du pays délaissé,
Des forêts de figuiers où s'abrita leur race.

Ils reverront le fleuve échappé des grands monts,
Où nage en mugissant l'hippopotame énorme,
Où, blanchis par la Lune et projetant leur forme,
Ils descendaient pour boire en écrasant les joncs.

Aussi, pleins de courage et de lenteur, ils passent
Comme une ligne noire, au sable illimité ;
Et le désert reprend son immobilité
Quand les lourds voyageurs à l'horizon s'effacent.

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Jeune mâle Afrique - Cuvier - Hist. nat. - Source
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Mâle Asie - Cuvier - Hist. nat. - Source
Rhinocéros Sumatra Cuvier HNDM jpg
Rhinocéros - Cuvier - Hist. nat. - Source

23 - 79 - Pline l'Ancien / E. Littré - Histoire naturelle Livre VIII 29 - Le rhinocéros et l'éléphant

Dans les mêmes jeux [ceux donnés par Pompée] on montra aussi le rhinocéros qui porte une corne sur le nez; on en a vu souvent depuis: c'est le second ennemi naturel de l'éléphant [après le dragon] (VIII, 11 et VIII 12). Il aiguise sa corne contre les rochers, et se prépare ainsi au combat, cherchant surtout à atteindre le ventre, qu'il sait être la partie la plus vulnérable. Il est aussi long que l'éléphant; il a les jambes beaucoup plus courtes, et la couleur du buis.

Eléphant vs Rhinocéros - Northrops
Northrops - Wonders of the tropics ... - Source
Eléphant vs Rhinocéros - Brooks
Brooks - Animals in actions ... - Source

23 - 79 - Pline l'Ancien / E. Littré - Histoire naturelle Livre VIII 11-12 - L'éléphant et le dragon

L'Afrique produit des éléphants au-delà des déserts des Syrtes et dans la Mauritanie. Il y en a dans l'Éthiopie et la Troglodytique, comme nous l'avons dit (VIII, 8); mais les plus grands sont dans l'Inde, et ils sont perpétuellement en guerre avec des dragons assez grands eux-mêmes pour les envelopper sans peine de leurs replis, et les serrer comme dans un nœud: les deux combattants succombent: le vaincu, dans sa chute, écrase par son poids le serpent roulé autour de lui.

Chaque animal a son adresse particulière, qui est merveilleuse; ils en sont un exemple. Le dragon a de la peine à s'élever à la hauteur de l'éléphant; en conséquence, remarquant le chemin que ces animaux prennent en allant paître, il se jette sur eux du haut d'un arbre: l'éléphant sait qu'il n'est pas assez fort pour lutter contre les nœuds qui l'étreignent; aussi cherche-t-il à écraser son ennemi contre les arbres ou les rochers: le dragon prévoit le danger, et tout d'abord il lui enlace les jambes avec sa queue; l'éléphant défait les nœuds avec sa trompe; le dragon enfonce sa tête dans les narines de l'éléphant, et à la fois lui ferme la respiration et le blesse dans les parties les plus délicates. Quand ils se rencontrent à l'improviste, le serpent se dresse et attaque son adversaire, principalement aux yeux.

De là vient qu'on trouve souvent des éléphants aveugles, consumés par la faim et le chagrin. Comment expliquer la cause d'une si grande discorde, si ce n'est en disant que la nature se plaît à se donner le spectacle de ces duels? On rapporte encore autrement ce combat: l'éléphant, dit-on, a le sang très froid, aussi est-ce surtout pendant les chaleurs que les serpents le convoitent; en conséquence, cachés dans les rivières, ils guettent l'éléphant qui vient boire; ils s'enlacent autour de sa trompe et le mordent à l'oreille, parce que c'est le seul endroit qu'il ne puisse défendre avec sa trompe; ils boivent tout son sang, tant ils sont énormes. L'éléphant, ainsi épuisé et mis à sec, tombe; le dragon enivré est écrasé, et meurt.

Cette page présente trois chapitres (le premier et les deux derniers) sur les éléphants de l'Histoire naturelle de Pline; en complément, tous peuvent être consultés. De plus L'éléphant barrit aussi dans le Bestiaire, ou Cortège d'Orphée, d'Apollinaire. Enfin La page Dragon - Serpent - Satan présente divers autres combats contre des dragons.