Léda - L'étude des animaux

Mythes - Poésies - Légendes - Histoires naturelles

Annexe

Le psaume 104 chante les beautés de la création (voir la page Apparition - Création), évoque de nombreux animaux et souligne leur dépendance envers leur créateur: Tous ces animaux espèrent en toi... En miroir les chapitres 34 et 35 d'Isaïe, parfois appelés petite apocalypse, évoquent la destruction de la création et de la vie (voir la page Déluge - Arche - Noé).

Bible Louis Segond - Psaume 104

Mon âme, bénis l'Éternel!
Éternel, mon Dieu, tu es infiniment grand!
Tu es revêtu d'éclat et de magnificence!

Il s'enveloppe de lumière comme d'un manteau;
Il étend les cieux comme un pavillon.

Il forme avec les eaux le faîte de sa demeure;
Il prend les nuées pour son char,
Il s'avance sur les ailes du vent.

Il fait des vents ses messagers,
Des flammes de feu ses serviteurs.

Il a établi la terre sur ses fondements,
Elle ne sera jamais ébranlée.

Tu l'avais couverte de l'abîme comme d'un vêtement,
Les eaux s'arrêtaient sur les montagnes;

Elles ont fui devant ta menace,
Elles se sont précipitées à la voix de ton tonnerre.

Des montagnes se sont élevées, des vallées se sont abaissées,
Au lieu que tu leur avais fixé.

Tu as posé une limite que les eaux ne doivent point franchir,
Afin qu'elles ne reviennent plus couvrir la terre.

Il conduit les sources dans des torrents
Qui coulent entre les montagnes.

Elles abreuvent tous les animaux des champs;
Les ânes sauvages y étanchent leur soif.

Les oiseaux du ciel habitent sur leurs bords,
Et font résonner leur voix parmi les rameaux.

De sa haute demeure, il arrose les montagnes;
La terre est rassasiée du fruit de tes oeuvres.

Il fait germer l'herbe pour le bétail,
Et les plantes pour les besoins de l'homme,
Afin que la terre produise de la nourriture,

Le vin qui réjouit le coeur de l'homme,
Et fait plus que l'huile resplendir son visage,
Et le pain qui soutient le coeur de l'homme.

Les arbres de l'Éternel se rassasient,
Les cèdres du Liban, qu'il a plantés.

C'est là que les oiseaux font leurs nids;
La cigogne a sa demeure dans les cyprès,

Les montagnes élevées sont pour les boucs sauvages,
Les rochers servent de retraite aux damans.

Il a fait la lune pour marquer les temps;
Le soleil sait quand il doit se coucher.

Tu amènes les ténèbres, et il est nuit:
Alors tous les animaux des forêts sont en mouvement;

Les lionceaux rugissent après la proie,
Et demandent à Dieu leur nourriture.

Le soleil se lève: ils se retirent,
Et se couchent dans leurs tanières.

L'homme sort pour se rendre à son ouvrage,
Et à son travail, jusqu'au soir.

Que tes oeuvres sont en grand nombre, ô Éternel!
Tu les as toutes faites avec sagesse.
La terre est remplie de tes biens.

Voici la grande et vaste mer:
Là se meuvent sans nombre
Des animaux petits et grands;

Là se promènent les navires,
Et ce léviathan que tu as formé pour se jouer dans les flots.

Tous ces animaux espèrent en toi,
Pour que tu leur donnes la nourriture en son temps.

Tu la leur donnes, et ils la recueillent;
Tu ouvres ta main, et ils se rassasient de biens.

Tu caches ta face: ils sont tremblants;
Tu leur retires le souffle: ils expirent,
Et retournent dans leur poussière.

Tu envoies ton souffle: ils sont créés,
Et tu renouvelles la face de la terre.

Que la gloire de l'Éternel subsiste à jamais!
Que l'Éternel se réjouisse de ses oeuvres!

Il regarde la terre, et elle tremble;
Il touche les montagnes, et elles sont fumantes.

Je chanterai l'Éternel tant que je vivrai,
Je célébrerai mon Dieu tant que j'existerai.

Que mes paroles lui soient agréables!
Je veux me réjouir en l'Éternel.

Que les pécheurs disparaissent de la terre,
Et que les méchants ne soient plus!
Mon âme, bénis l'Éternel!
Louez l'Éternel!

Bible Louis Segond - Esaïe 34-35

Approchez, nations, pour entendre!
Peuples, soyez attentifs!
Que la terre écoute, elle et ce qui la remplit,
Le monde et tout ce qu'il produit!

Car la colère de l'Éternel va fondre sur toutes les nations,
Et sa fureur sur toute leur armée:
Il les voue à l'extermination,
Il les livre au carnage.

Leurs morts sont jetés,
Leurs cadavres exhalent la puanteur,
Et les montagnes se fondent dans leur sang.

Toute l'armée des cieux se dissout;
Les cieux sont roulés comme un livre,
Et toute leur armée tombe,
Comme tombe la feuille de la vigne,
Comme tombe celle du figuier.

Mon épée s'est enivrée dans les cieux;
Voici, elle va descendre sur Édom,
Sur le peuple que j'ai voué à l'extermination, pour le châtier.

L'épée de l'Éternel est pleine de sang, couverte de graisse,
Du sang des agneaux et des boucs,
De la graisse des reins des béliers;
Car il y a des victimes de l'Éternel à Botsra,
Et un grand carnage dans le pays d'Édom,

Les buffles tombent avec eux,
Et les boeufs avec les taureaux;
La terre s'abreuve de sang,
Et le sol est imprégné de graisse.

Car c'est un jour de vengeance pour l'Éternel,
Une année de représailles pour la cause de Sion.

Les torrents d'Édom seront changés en poix,
Et sa poussière en soufre;
Et sa terre sera comme de la poix qui brûle.

Elle ne s'éteindra ni jour ni nuit,
La fumée s'en élèvera éternellement;
D'âge en âge elle sera désolée,
A tout jamais personne n'y passera.

Le pélican et le hérisson la posséderont,
La chouette et le corbeau l'habiteront.
On y étendra le cordeau de la désolation,
Et le niveau de la destruction.

Il n'y aura plus de grands pour proclamer un roi,
Tous ses princes seront anéantis.

Les épines croîtront dans ses palais,
Les ronces et les chardons dans ses forteresses.
Ce sera la demeure des chacals,
Le repaire des autruches;

Les animaux du désert y rencontreront les chiens sauvages,
Et les boucs s'y appelleront les uns les autres;
Là le spectre de la nuit aura sa demeure,
Et trouvera son lieu de repos;

Là le serpent fera son nid, déposera ses oeufs,
Les couvera, et recueillera ses petits à son ombre;
Là se rassembleront tous les vautours.

Consultez le livre de l'Éternel, et lisez!
Aucun d'eux ne fera défaut,
Ni l'un ni l'autre ne manqueront;
Car sa bouche l'a ordonné.
C'est son esprit qui les rassemblera.

Il a jeté pour eux le sort,
Et sa main leur a partagé cette terre au cordeau,
Ils la posséderont toujours,
Ils l'habiteront d'âge en âge.

Le désert et le pays aride se réjouiront;
La solitude s'égaiera, et fleurira comme un narcisse;

Elle se couvrira de fleurs, et tressaillira de joie,
Avec chants d'allégresse et cris de triomphe;
La gloire du Liban lui sera donnée,
La magnificence du Carmel et de Saron.
Ils verront la gloire de l'Éternel,
la magnificence de notre Dieu.

Fortifiez les mains languissantes,
Et affermissez les genoux qui chancellent;

Dites à ceux qui ont le coeur troublé:
Prenez courage, ne craignez point;
Voici votre Dieu, la vengeance viendra,
La rétribution de Dieu;
Il viendra lui-même, et vous sauvera.

Alors s'ouvriront les yeux des aveugles,
S'ouvriront les oreilles des sourds;

Alors le boiteux sautera comme un cerf,
Et la langue du muet éclatera de joie.
Car des eaux jailliront dans le désert,
Et des ruisseaux dans la solitude;

Le mirage se changera en étang
Et la terre desséchée en sources d'eaux;
Dans le repaire qui servait de gîte aux chacals,
Croîtront des roseaux et des joncs.

Il y aura là un chemin frayé, une route,
Qu'on appellera la voie sainte;
Nul impur n'y passera; elle sera pour eux seuls;
Ceux qui la suivront, même les insensés, ne pourront s'égarer.

Sur cette route, point de lion;
Nulle bête féroce ne la prendra,
Nulle ne s'y rencontrera;
Les délivrés y marcheront.

Les rachetés de l'Éternel retourneront,
Ils iront à Sion avec chants de triomphe,
Et une joie éternelle couronnera leur tête;
L'allégresse et la joie s'approcheront,
La douleur et les gémissements s'enfuiront.

Certains poèmes de Victor Hugo présentés dans Léda pourraient trouver leur place dans une 'Bible poétique'. Entendons par là non pas une bible de la poésie comme une anthologie ou un florilège, mais bien une Bible poétique au sens où la Bible elle-même regroupe des livres poétiques et des poèmes comme notamment les Psaumes.

Ainsi les poésies de Victor Hugo comme Dieu invisible au Philosophe ou Les Lions sont directement liées à des passages bibliques; d'autres sont teintées de ce que nous pouvons appeler un 'déisme chrétien'.

Ainsi Liberté:
..
Homme, crois-tu que Dieu, ce père, fasse naître
L'aile pour l'accrocher au clou de ta fenêtre ?
..
Prenez garde à la sombre équité. Prenez garde !
Partout où pleure et crie un captif, Dieu regarde.
...

Ou encore Le Crapaud:
...
Alors, lâchant la pierre échappée à sa main,
Un des enfants – celui qui conte cette histoire, –
Sous la voûte infinie à la fois bleue et noire,
Entendit une voix qui lui disait : Sois bon !
...

D'autres citations seraient possibles et le poème présenté ci-dessous éclaire le déisme chrétien de Victor Hugo.

1802 - 1885 - Victor Hugo - Religions et Religion - Conclusion

As-tu vu méditer les ascètes terribles ?
Ils ont tout rejeté, talmuds, korans et bibles.
Ils n’acceptent aucun des védas, comprenant
Que le vrai livre s’ouvre au fond du ciel tonnant,
Et que c’est dans l’azur plein d’astres que flamboie
Le texte éblouissant d’épouvante ou de joie.
Contemplant ce qui n’a ni bord, ni temps, ni lieu,
Absorbés dans la vue effrayante de Dieu,
Farouches, ils sont là, chacun seul dans l’espèce
D’horreur qu’il a choisie au bord de l’ombre épaisse,
Faisant vers l’inconnu toujours le même effort,
L’un dans un vieux tombeau dont il semble le mort,
L’autre, sinistre, assis dans un trou du tonnerre
Au tronc prodigieux d’un cèdre centenaire,
L’autre livide et nu dans un creux de rocher,
Muets, affreux, laissant les bêtes s’approcher,
Pas plus importunés sous leur fauve auréole
D’un tigre qui rugit que d’un oiseau qui vole,
Le désert les a vus à jamais s’accroupir.
Jamais un mouvement et jamais un soupir.
Ont-ils faim ? ont-ils soif ? Quand luit l’aube embrasée,
Ils ouvrent vaguement leur bouche à la rosée,
Et la rouvrent parfois quand vient le soir hagard.
Si la pensée était saisissable au regard,
On verrait le néant, l’éternité, le monde,
L’énigme plus lugubre encor quand on la sonde,
Tomber de leurs fronts noirs comme l’ombre des ifs ;
Ils songent, ni vivants, ni morts, spectres pensifs,
Entre la mort trompée et la vie impossible ;
L’été passe ; l’hiver vide sur eux son crible ;
Ils ne regardent rien que l’obscur firmament,
Et dans des profondeurs d’anéantissement
Ces êtres, abrutis par l’idéal, s’abîment.
Nul ne sait quels courants d’infini les raniment
A mesure que l’homme en eux s’évanouit.
L’ouragan monstrueux leur parle dans la nuit
Comme le célébrant parle au catéchumène,
Et ces hideux esprits perdent la forme humaine.
L’aigle leur dit un mot à l’oreille en passant ;
Ils font signe parfois à l’éclair qui descend ;
Ils rêvent, fixes, noirs, guettant l’inaccessible,
L’œil plein de la lueur de l’étoile invisible.

Invisible ! Ai-je dit invisible ? Pourquoi ?

Il est ! Mais nul cri d’homme ou d’ange, nul effroi,
Nul amour, nulle bouche, humble, tendre ou superbe,
Ne peut balbutier distinctement ce verbe !
Il est ! il est ! il est ! il est éperdument !
Tout, les feux, les clartés, les cieux, l’immense aimant,
Les jours, les nuits, tout est le chiffre ; il est la somme.
Plénitude pour lui, c’est l’infini pour l’homme.
Faire un dogme, et l’y mettre ! ô rêve ! inventer Dieu !
Il est ! Contentez-vous du monde, cet aveu !
Quoi ! des religions, c’est ce que tu veux faire,
Toi, l’homme ! ouvrir les yeux suffit ; je le préfère.
Contente-toi de croire en Lui ; contente-toi
De l’espérance avec sa grande aile, la foi ;
Contente-toi de boire, altéré, ce dictame ;
Contente-toi de dire : - Il est, puisque la femme
Berce l’enfant avec un chant mystérieux ;
Il est, puisque l’esprit frissonne curieux ;
Il est, puisque je vais le front haut ; puisqu’un maître
Qui n’est pas lui, m’indigne, et n’a pas le droit d’être ;
IÎ est, puisque César tremble devant Patmos ;
Il est, puisque c’est lui que je sens sous ces mots :
Idéal, Absolu, Devoir, Raison, Science ;
Il est, puisqu’à ma faute il faut sa patience,
Puisque l’âme me sert quand l’appétit me nuit,
Puisqu’il faut un grand jour sur ma profonde nuit ! -
La pensée en montant vers lui devient géante.
Homme, contente-toi de cette soif béante ;
Mais ne dirige pas vers Dieu ta faculté
D’inventer de la peur et de l’iniquité,
Tes catéchismes fous, tes korans, tes grammaires,
Et ton outil sinistre à forger des chimères.
Vis, et fais ta journée ; aime et fais ton sommeil.
Vois au-dessus de toi le firmament vermeil ;
Regarde en toi ce ciel profond qu’on nomme l’âme ;
Dans ce gouffre, au zénith, resplendit une flamme.
Un centre de lumière inaccessible est là.
Hors de toi comme en toi cela brille et brilla ;
C’est là-bas, tout au fond, en haut du précipice.
Cette clarté toujours jeune, toujours propice,
Jamais ne s’interrompt et ne pâlit jamais ;
Elle sort des noirceurs, elle éclate aux sommets ;
La haine est de la nuit, l’ombre est de la colère !
Elle fait cette chose inouïe, elle éclaire.
Tu ne l’éteindrais pas si tu la blasphémais ;
Elle inspirait Orphée, elle échauffait Hermès ;
Elle est le formidable et tranquille prodige ;
L’oiseau l’a dans son nid, l’arbre l’a dans sa tige ;
Tout la possède, et rien ne pourrait la saisir ;
Elle s’offre immobile à l’éternel désir,
Et toujours se refuse et sans cesse se donne ;
C’est l’évidence énorme et simple qui pardonne ;
C’est l’inondation des rayons, s’épanchant
En astres dans un ciel, en roses dans un champ ;
C’est, ici, là, partout, en haut, en bas, sans trêve,
Hier, aujourd’hui, demain, sur le fait, sur le rêve,
Sur le fourmillement des lueurs et des voix,
Sur tous les horizons de l’abîme à la fois,
Sur le firmament bleu, sur l’ombre inassouvie,
Sur l’être, le déluge immense de la vie !
C’est l’éblouissement auquel le regard croit.
De ce flamboiement naît le vrai, le bien, le droit ;
Il luit mystérieux dans un tourbillon d’astres ;
Les brumes, les noirceurs, les fléaux, les désastres
Fondent à sa chaleur démesurée, en tout
En sève, en joie, en gloire, en amour, se dissout ;
S’il est des cœurs puissants, s’il est des âmes fermes,
Cela vient du torrent des souffles et des germes
Qui tombe à flots, jaillit, coule, et, de toutes parts,
Sort de ce feu vivant sur nos têtes épars.
Il est ! il est ! Regarde, âme. Il a son solstice,
La Conscience ; il a son axe, la Justice ;
Il a son équinoxe, et c’est l’Egalité ;
Il a sa vaste aurore, et c’est la Liberté.
Son rayon dore en nous ce que l’âme imagine.
Il est ! il est ! il est ! sans fin, sans origine,
Sans éclipse, sans nuit, sans repos, sans sommeil.

Renonce, ver de terre, à créer le soleil.